Lettre du Résident Général de la république française à Tunis, à Monsieur Raymond Poincaré, Président du Conseil, Ministre des Affaires Etrangères Tunis le 9 novembre 1922 Le renvoi des conscrits d'origine maltaise dans leurs foyers a causé ici une impression considérable bien que les journaux aient, sur mes instructions, gardé le silence à ce sujet. Le bruit ayant couru avec insistance que les décrets du 8 novembre 1921 étaient ou allaient être rapportés incessamment, nombre de candidats au Grand Conseil se sont inquiétés de savoir si les électeurs d'origine maltaise inscrits sur les listes seraient autorisés à voter le 26 novembre. Les listes en question sont devenues définitives depuis le 25 octobre dernier et il n'est plus possible de les modifier. J'ai fait répondre que rien jusqu'à ce jour n'ayant diminué la portée effective des décrets précités, les électeurs d'origine maltaise inscrits, voteraient comme les autres électeurs français. Je sais que telle n'est pas l'opinion des candidats socialistes. Ils estiment qu'étant donné le différend franco-anglais actuel et la libération des conscrits qu'ils interprètent comme un recul très net de notre part, les Maltais ne devraient pas voter. Je sais également que ces mêmes candidats sont décidés à adresser une protestation au Gouvernement Français et à saisir de la question certains membres du Parlement. J'ai cru utile de vous en aviser à titre d'information, mais je répète qu'à mon avis, les électeurs maltais qui sont près d'un millier doivent voter. Ils constituent un élément d'ordre excellent et, d'autre part, il sera sans doute intéressant de montrer au Gouvernement anglais qu'ils ont tenu, sans pression aucune de notre part, à faire acte de Français. Il est hors de doute, du reste, que M Sarell fait tous ses efforts pour les dissuader de prendre part au scrutin. Étant donné le flottement qu'a causé dans les esprits la libération des conscrits, il est à craindre qu'ils ne réussissent dans bien des cas. Un néo-français a déjà été désigné par la chambre Mixte du Centre pour siéger au Conseil de région.
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